une légende d’autrefois bien vivante aujourd’hui …

 

Tout a commencé dans le village par lequel j’ai découvert Oléron quand j’étais enfant : la petite bourgade de Chaucre, au nord-ouest de l’île, où une ruelle porte encore aujourd’hui un nom bien étrange …

Cela a continué à l’âge adulte : appréciant les bonnes bières, je vais chercher quelques cartons dans une brasserie locale. Dans les bouteilles, un très bon breuvage. Dessus, une curieuse étiquette réprésentant un âne avec une lanterne autour du cou qui regarde en direction d’un navire ancien. Et tout aussi curieusement, la bière porte le même nom que la ruelle de Chaucre …


C’est à partir de ce moment que je me suis demandé : « mais au fait, c’est quoi donc un naufrageur !? ». Il me semblait déjà connaître ce mot (mais il me faudra bien des années supplémentaires et la relecture des Aventures de Tintin pour savoir où je l’avais lu la première fois : c’est l’un des nombreux juron du capitaine Haddock).

Je saisi un dictionnaire pour en avoir le coeur net et découvre que le mot existe bel et bien en langue francaise. Sa définition dans Le Robert est on ne peut plus limpide : un naufrageur, c’est tout simplement une « personne qui provoque volontairement un naufrage ».

Je me plonge alors dans l’Oléron des siècles passés, son histoire, sa géographie, ses mythes … j’étoffe la définition du Robert sur un parchemin, qui figurera plus tard au dos de la boîte du jeu … je dévore l’excellent roman de Michel Cosem publié aux éditions Terre de l’Ouest, La Nuit des Naufrageurs


Et puis je constate que personne n’avait encore conçu et commercialisé un jeu Oléronais, alors je me suis mis au travail. Il fallait moi aussi que je matérialise cette légende qui m’intrigue toujours autant !

Un plateau qui représente entièrement l’île … un âne, des bateaux, des tonneaux … des dés très spéciaux … une mécanique ludique simple et conviviale … un logo, une boîte … soit environ un an de travail entre la simple idée du jeu et le tout premier exemplaire vendu.

Depuis, j’ai rencontré dans ma cabane Phillipe Couteau dit Bilout, un ancien ostréiculteur reconvertit en acteur et humoriste qui propose (entre autres) des visites costumées et animées autour du phare de Chassiron sur l’histoire des naufrageurs et de l’authentique pirate oléronais Lazor, ainsi que le poète et écrivain Bernard Renault, dit Bernard le Vieux Briscard, aux allures de vieux loup de mer et auteur d’une ballade sur ce même pirate Lazor.

Mon jeu est également en vente à la brasserie des Naufrageurs de Jean-Luc Métayer, située sur la commune de Saint Georges d’Oléron.


La légende des Naufrageurs sur Oléron continue d’exister. Chacun à nos manières, nous entretenons ce côté sombre mais néanmoins partie intégrante du patrimoine de l’Île.

Car si les astucieux et cruels brigands des côtes du temps jadis n’existent plus aujourd’hui (et heureusement !), leurs ombres continuent parfois de planner sur l’Île d’Oléron au détour d’une ruelle, d’une bière, d’un livre, d’une visite costumée, d’un poême … et désormais d’un jeu.